La Dormition du Comte d'Orgaz
L'image nous informe, rêveusement, sur la présence diffuse du sensible, sur le fait qu'il y a de l'être autour de nous, en nous, plutôt que rien. Elle est là, elle déconcerte le vouloir de la raison hégémonique, le rapport du sujet superbe et de l'objet. Elle affirme que tout se tient entre les choses, mieux encore, entre les choses et nous. Qu'il a suffi d'un peu de matière, d'un peu d'espace discernable, pour que l'énergie, derechef, se soulève et reprenne son essor, par la convocation de quelques lignes, de quelques taches de couleur mises ensemble. Il y a la prose, qui raconte ce qui est et qui le distribue dans notre entendement, côte à côte. Il y a, soudain, la poésie, je veux dire l'invention du sens au travers les signes, le geste inaugural d'un seul qui fait de cette image la première, celle qui nous accueille au monde, celle, peut-être, qui nous réconcilie.