Mémoire de Jean Cocteau : Lettres à Jean-Marie Magnan
Un jour comme les autres, ce 11 octobre 1963. Passé à écrire, peut-être à lui écrire pour le remercier. Nous le remercions toujours de quelque chose. Je n'ai appris sa mort qu'avec douze heures de retard. La France entière était déjà au courant. Et d'une façon qu'il aurait approuvée. Dans l'obscurité. Quarante-huit heures s'étaient écoulées depuis son dernier envoi : les douze dessins terminaux d'une série qu'il m'offrait pour illustrer un essai tauromachique. Je me répétais jusqu'à l'absurde dans l'obscurité cette phrase du Grand Écart : " Rien ne ressemble plus à un coucher de soleil qu'une corrida. " C'était donc le couchant, les fanfares de la mort sonnaient pour le poète tandis qu'il achevait de poser les banderilles de feu de ses crayons et embrasait, incendiait le cirque.