Le Chant de la Lune se reflétant dans mille fleuves
Le Chant de la lune se reflétant dans mille fleuves (Wôrin Ch'ôngang Chigok) est un ouvrage hors du commun à plusieurs égards. Tout d'abord, il a été écrit dans la nouvelle écriture alphabétique coréenne, le hangûl, en 1443, c'est-à-dire trois ans avant la promulgation officielle de celle-ci. Il faisait partie d'ouvrages servant à tester cette nouvelle écriture, essai qui s'avéra concluant, pour ne pas dire brillant. Ensuite, c'est une oeuvre inspirée par le bouddhisme à une époque où les lettrés qui constituaient la classe dirigeante de la nouvelle dynastie des Yi étaient confucéens dans l'âme et n'avaient que mépris pour le bouddhisme accusé d'être responsable du déclin de la dynastie précédente. Enfin, c'est une oeuvre aux visées multiples : glorifier le Bouddha, initier les lecteurs à la nouvelle écriture et, par le biais du nouvel alphabet national, aider à apprendre les caractères chinois (le chinois classique restera la langue officielle de la Corée jusqu'en 1894). Le Chant de la lune, à la fois hagiographie, manuel d'initiation à une écriture nouvelle et aide à l'apprentissage des caractères chinois, est un classique de la littérature coréenne, traduit et publié pour la première fois en français.