Critique de l'esthétique urbaine
Objet relativement insaisissable, tant pour le citadin que pour le gestionnaire de l’urbain, la ville excède les représentations qu’on peut en avoir. Le dilemme, pour les pouvoirs publics, est le même d’une ville à l’autre : faut-il intervenir en produisant une esthétique par l’implantation des œuvres, par la création architecturale, ou faut-il tirer du tissu urbain lui-même ses potentialités et les mettre en œuvre ? Comment travailler la cohérence interne d’une ville, celle qui est “ déjà là ” ? Le développement contemporain de l’esthétique urbaine semble confirmer combien l’art en ville doit exercer une fonction sociale. Ce sont les pouvoirs publics qui offrent un “ cadre institutionnel ” aux projets comme aux œuvres réalisées et qui configurent leurs modes de légitimation. Pourquoi l’art serait-il destiné à transformer la ville et la vie sociale en ville ? Cette croyance serait le fruit d’une volonté actuelle des pouvoirs publics qui démontrent ainsi leur volonté de créer une esthétique du lien social. La reconnaissance de cet art citoyen contraint l’ensemble des pratiques artistiques à entrer dans ce paysage d’une légalisation politique et sociale de leur mise en œuvre. Dans quelle mesure alors “ le mythe de la création artistique ” ne serait-il pas devenu le moteur même de la construction du lien social dans l’espace urbain ?