Enterre mon coeur à Bali
Nuit du 12 octobre 2002. Le terrorisme frappe Bali, aveuglément. Plus de 200 morts. L’île des Dieux, de la douceur, des arts et du rêve, seule enclave hindouiste dans le premier pays musulman de la planète, est soudain secouée par le bruit déchirant des explosions, les cris d’effroi, la souffrance et les pleurs. Seul journaliste présent à Bali au moment du drame, Hervé Duthu est immédiatement sollicité par les radios et les télévisions françaises pour « rendre compte ». Hervé Duthu connaît cette île depuis plus de vingt ans, il en connaît tous ses recoins, ses rites et ses rythmes. La blessure de l’île c’est aussi sa blessure, la souffrance dont il doit témoigner, sa souffrance. « Rendre compte » dans ces conditions ? Il refuse. Et puis… le réflexe professionnel, l’insistance des solliciteurs des rédactions parisiennes ont raison de ses réticences. Mais, au-delà de la tragédie qu’il doit raconter, au-delà des questions parfois maladroites qu’on lui pose, dans l’urgence, depuis Paris, le climat de mort qui enveloppe soudain ce qui jusque-là était le paradis des dieux réveille en lui un autre souvenir qui revient avec force et le bouleverse : l’image d’Annette, emportée pour toujours hors de ce monde il y a trente ans, et que, depuis, il cherche désespérément À l’émotion du drame dont il doit témoigner répond, comme en écho, le souvenir enfoui de celui qui bouleversa sa vie.