La petite fille devant la porte
" Près de l'une des portes, il se passe quelque chose d'incompréhensible. La petite fille se tient devant, les sourcils froncés, les mains dans les poches de son tablier... " Tel un tableau, une scène muette, l'image de la porte fermée ponctue le parcours initiatique de la petite écolière soviétique Victoria. Empêtrée dans une existence mouvementée et déroutante, qu'elle décrypte à sa manière, l'enfant est témoin sans le savoir de grands événements, la terreur stalinienne, la guerre. L'Histoire lui offre sa face grise, quotidienne, ou l'autre, absurde et dérisoire. Les adultes font et disent des choses incompréhensibles. Ils recouvrent la réalité de mots trompeurs. Pour grandir, Victoria doit apprendre leur langage et, parfois même, d'autres langues. Car de porte en porte, de perte en perte, son destin la mène de Moscou jusqu'en Ouzbékistan. Ainsi, peu à peu, le monde s'ouvre à elle, dans toute sa beauté, dans toute son horreur. La Petite Fille devant la porte est l'histoire d'une survie, qui ne va point sans l'art. Lorsque rien ne va plus, Victoria se met à réciter de la poésie. Les vers ont alors une force magique quand, perçant la monotonie et la misère des jours, ils font apparaître des êtres proches que l'on croyait disparus, ou font surgir des justes. Il y en aura toute une galerie dans ce texte riche en portraits. Grâce à eux, Victoria traversera les épreuves. Chaque fois qu'un être lui ouvrira sa porte, il disparaîtra. Mais chaque fois, Victoria réinventera le monde.