Le joueur de ping-pong
En 2001, l'historien américano-polonais Jan Tomasz Cross publie un ouvrage intitulé Les Voisins, qui explique dans quelles circonstances des villageois polonais ont fait brûler leurs voisins juifs dans une étable, au début de la guerre. Le livre déclenche une vaste discussion sur les rapports polono-juifs. Le Joueur de ping-pong s'inspire directement de cet événement : seul le nom du village change, le Jedwabne originel devient Cheremiec. Il met en scène Mike Murphy, juge d'origine polonaise émigré aux Etats-Unis, qui revient dans son village natal pour participer à la commémoration du massacre des juifs. Mike tente de briser la loi du silence, il cherche à éveiller les consciences des villageois. Mais il ne juge pas : il écoute, ou, plus exactement, recueille les témoignages des uns et des autres et refuse de se laisser submerger par les émotions. Ainsi, sous son regard distancié mais compréhensif, le Mal se laisse appréhender dans ses diverses composantes. Mais Le Joueur de ping-pong n'a pas seulement un caractère documentaire. Par-delà la fable et les nombreuses anecdotes, tous ces récits enchâssés qui explorent certaines ténèbres de l'histoire du XXe siècle, le roman de Hen prend peu à peu une dimension philosophique et éthique.