Un caillou dans un creux : Notes sur le poétique
Universelle et singulière notre malédiction que chacun doit constater, c'est que nous parlons mal.
«La médiocrité de notre univers ne dépend-elle pas essentiellement de notre pouvoir d'énonciation?» Non seulement la médiocrité mais la peur, la guerre livrée sans fin et la douleur du monde, dépendent essentiellement de notre usage de la langue. Mais le travail d'ajustement des mots - la poésie - dédit la malédiction originaire (ce qui lui vaut souvent d'être maudite). Si nous ne voulons pas que parler soit toujours mal parler, soit nécessairement médire et maudire, si nous ne voulons pas que l'injustice soit l'essence de l'histoire humaine, alors il peut arriver que parler soit désécrire, soit soudain ou peu à peu dédire l'injustice, contredire la mal-diction, dé-maudire.