Naufrageurs et contrebandiers des côtes bretonnes
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, des paysans bretons, que la pauvreté pour certains ou le goût du sang pour d’autres motivaient, se transformaient en naufrageurs dès qu’un coup de vent menaçait les côtes.
Dès qu’un navire était signalé en difficulté, on les voyait se diriger par familles entières vers les grèves, armés de piques, de crocs, de haches, prêts à récupérer par tous les moyens ce que la mer leur rejetait et qu’ils voyaient comme un don de Dieu pour une population pauvre…
Et bientôt, dans la nuit noire, une lueur semblant danser au-dessus des flots en furie, comme le fanal d’un vaisseau ballotté sur les vagues, trompait les navires en difficulté en leur indiquant une mauvaise direction. C’était une vache aux jambes entravées cheminant sur la terre, aux cornes de laquelle on avait attaché une torche. Ainsi trompé, le capitaine dirigeait son bateau vers ce qu’il pensait le salut, mais qui n’était que des rochers.
Et de Concarneau à Audierne, de Quiberon à Carnac, de Ouessant à Sein, du Conquet à Bréhat et même dans la région de Saint-Malo, des pilleurs d’épaves, qui priaient pour voir de violentes tempêtes s’élever et amener de riches vaisseaux à se briser sur leurs rochers, se jetaient sur tout ce qui flottait encore...