Adam
«Adam, où es-tu ?» C'est à partir de cette interrogation du livre de la Genèse (3, 9) que se développe la méditation de Roger Munier. Qu'est-ce que l'homme, dans son origine même, dans cet être générique, unique que nous montre la Bible, à peine sorti des mains de son créateur, et qui a nom «Adam», c'est-à-dire tout simplement, en langue sémitique : «l'homme». D'où viennent cette grandeur et cette faille qui sont en lui, qui en font à la fois la plus noble et la plus fragile des créatures, car fondée sur une contradiction comme insurmontable entre sa réalité et son aspiration ? «Les chapitres deux et trois du livre de la Genèse, indique Roger Munier, évoquent dans un mythe, le plus célèbre et durable de tous : celui du Paradis perdu, la naissance de l'homme. C'est ce mythe premier que j'interroge, et dont je propose ici une approche, en libre interprétation. Je ne m'écarte pas du texte biblique dont je suis de très près les moments, comme en témoignent les nombreux renvois présents dans les marges. C'est dire que cette "variation" - comme on parle en musique de variations sur un thème - suppose la lecture parallèle d'un texte, dont l'insondable profondeur pourrait suffire - et suffit à mes yeux - à faire dans sa littéralité même un texte saint.»