Les contemplations de Marie
Signées de « l'Idiota », les Contemplations de Marie ont été publiées en latin en 1519 par le grand humaniste Lefèvre d'Étaples, célèbre par ses traductions de la Bible. Réalisée par le célèbre Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, la traduction française du texte de « l'Idiota » est publiée à Paris en 1522.
Le pseudonyme de « L'Idiota » - ou le « savant idiot » (Idiota sapiens) est évidemment à rapprocher de la « Docte Ignorance » de Nicolas de Cues (1401- 1464), mais se réfère aussi ) saint François d'Assise, dit « idiota et simplex », ou à l'auteur anglais anonyme du Nuage de l'Inconnaissance. «L'Idiota » a été bien plus tard identifié à un chanoine du XIV e siècle, Raymond Jourdan (ses oeuvres seront publiées en 1654 sous le titre Idiotæ Opera omnia).
Les magnifiques accents des Contemplations de Marie sont très proches de ceux de saint Bernard de Clairvaux ou du « service d'amour » courtois des troubadours occitans. Il faut souligner que Briçonnet a fait bien plus que traduire ces Contemplations : il les a extrapolées en maint endroit et surtout les a fait bénéficier de la beauté de sa langue. Ces Contemplations seront l'une des sources des poésies de Marguerite de Navarre, à qui Briçonnet les a fait lire.
À travers le mystère de la « femme vêtue de soleil », Briçonnet propose une voie contemplative qui s'inscrit en nette opposition avec les positions de Luther dont on le suspectait d'être proche.