Et même le versant nord
Forte de quelque 40 ouvrages publiés depuis près de 50 ans, l'oeuvre de Pierre Dhainaut, inaugurée avec Le poème commencé (Mercure de France, 1969) apparaît aujourd'hui comme l'une des oeuvres majeures de la poésie française contemporaine. En témoignent le colloque lui a été consacré à la Sorbonne en 2007, la monographie qui a paru sur son oeuvre en 2008 (Éd. des Vanneaux), le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres et le Prix Apollinaire qui lui ont été attribués en 2013 et 2016.
Bien plus qu'une oeuvre littéraire, la poésie de Pierre Dhainaut est une leçon de vie. Mais une leçon certes dépourvue de toute arrogance, cat il s'agit précisément d'apprendre l'écoute de la nature, le dialogue avec l'autre, l'attention aux mots. « On reproche aux poèmes, écrit Dhainaut, de n'être que des refuges idylliques, des mensonges. Les poèmes ne se résument pas à leurs sujets immédiatement perceptibles : en parlant des arbres, des plages, des enfants, de quoi d'autre parlent-ils, toujours autre ? Ils ont mieux à faire qu'à dénoncer avec violence une actualité violente. Ils nous invitent à réinventer ce qui nous fait le plus souvent défaut, l'attention, l'écoute. » Une poésie aussi éloigné d'un académisme qui met toute sa complaisance dans ses propres productions que d'un mysticisme qui s'égare dans les rêveries d'arrière-mondes ; une poésie solidement établie ans le paysage, mais en éprouvant avec acuité ce qu'il a de mouvant. Paysage d'eaux, de nuages et de vents, auxquels le poème fait indéfiniment écho.