Hymnes à Shiva
Les Hymnes à Shiva sont un des chefs d'oeuvre d'Outpaladéva. Au XI e siècle, un religieux du Sud de l'Inde la célébrait ainsi : « Il existe certes des milliers d'hymnes / pareils à des fleuves, / mais aucun n'est comparable / à cette rivière divine. » L'amour est le coeur battant de ces hymnes. Il revient presque à chaque verset pour culminer dans des sortes de cris : « Amour du Mystère / Amour de toi, du Bien. / Émerveillement / En vérité, qu'est-ce que l'amour ? » Selon la philosophie de la Reconnaissance, Dieu est d'abord notre conscience. Bien que limitée, elle peut se reconnaître comme étant Dieu qui se limite et se crée librement soi-même. Dès lors, Dieu est toujours déjà « atteint ». La conséquence en est le rejet des pratiques religieuses ainsi que des représentations de l'au-delà, rendues caduques par la saveur de l'amour goûté dès ici-bas. Si Dieu est partout, il n'y a ni moment ni lieu sacré. La Présence directe est la perception immédiate de Dieu par les cinq sens dans tous les objets du monde. D'où un dépassement de la méditation habituelle : il ne s'agit plus d'écarter les objets pour révéler la conscience en sa nudité, mais, selon la tradition de la Danse de Kâlî, de sentir l'objet comme création de la conscience : « Je veux que le désir / des plaisirs des sens / soit pour moi aussi intense / qu'il l'est pour les gens ordinaires. / Mais je veux les voir / comme étant ton incarnation, / sans aucune hésitation / ni alternative. »