Racisme : la responsabilité des élites
Aujourd'hui en Europe et à l'extérieur de l'Europe, des centres de rétention fermés se multiplient. Depuis 1980, nous assistons à un durcissement législatif sans précédent pour contrôler les flux migratoires et pour lutter contre l'immigration clandestine. Avec des résultats plus que médiocres concernant la maîtrise de ces flux et alarmants pour les droits de l'homme. Il y a vingt-cinq ans, la découverte d'un centre de rétention illégal, près de Marseille, le camp d'Arenc, avait fait scandale. Intellectuels et opinion publique s'étaient mobilisés pour dénoncer une telle pratique de l'enfermement arbitraire ! Danièle Lochak nous alerte ici sur la formidable accoutumance qu'est devenue la nôtre. Jusqu'au renversement d'une logique qui présidait jusqu'il y a très récemment : les titres de séjour étaient pensés pour pouvoir permettre l'intégration ; aujourd'hui, il s'agit d'être d'abord intégré (savoir parler la langue, subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, témoigner du respect républicain) pour espérer obtenir un titre de séjour. La juriste et militante Danièle Lochak nous alerte sur ces dérives, leurs impasses et nous invite à changer de paradigme envers les migrants. Refusant la fausse alternative entre permissivité et société policière, elle propose ici une autre conception de la frontière et de la liberté de circulation des personnes. À l'heure où la France se barricade envers les étrangers, Danièle Lochak rappelle les entorses répétées au droit et mesure la force de l'accoutumance collective en la matière. Danièle Lochak replace le débat sur le terrain des principes, y compris au nom de l'éthique de responsabilité. Est-il besoin de souligner l'actualité de ce débat ?