Gen Paul à Montmartre : 1950-1964
Editeur : Les Editions de Paris - Max Chaleil
"Ses amis l'appelait "Gégène ou Popaul", Louis-Ferdinand Céline dans Féerie pour une autre fois l'a surnommé Jules. Moi je l'ai toujours appelé "Gen Paul". J'avais du respect pour lui. Je le considérais un peu comme le père qui m'avait manqué." Ainsi commence le récit de Chantal Le Bobinnec qui, entre 1950 et 1964, fit partie du cercle des amis du peintre montmartrois, né rue Lepic en 1895. Ayant appris à jouer de la guitare avec Alexandre Lagoya qui se produisait au Lapin agile, elle intéressait Gen Paul qui, avant de jouer de la trompette au cirque Médrano, avait taquiné la guitare. Au début, il la surnommait "la môme Guitare", puis il la qualifia d'"Araignée". C'est ainsi que Chantal entra dans l'intimité du peintre qui, sous un caractère colérique, aggravé par l'abus d'alcool, cachait infiniment de tendresse. Bientôt elle devint une habituée de l'atelier de l'avenue Junot, participant aux repas et aux fêtes les plus folles. Elle y côtoiera une faune typiquement montmartroise mêlant peintres, écrivains, acteurs, compositeurs, et y croisera nombre de célébrités, comme Daragnès, Marie Bell, Fernand Ledoux, Charles Aznavour, Francis Lai, Marcel Jouhandeau, Marcel Aymé,... sans oublier les joyeux musiciens, les francs buveurs et autres personnages pittoresques rompus à l'argomuche ; toute une bohême bon enfant que Chantal restitue avec verve. Elle retrace l'itinéraire de Gen Paul, enfant de Montmartre qui se souvenait de Toulouse Lautrec, de la Goulue et du Désossé, comme du clown musicien qui avait commencé sa carrière au cirque, du soldat parti pour la guerre où, en 1915, il sera amputé d'une jambe, de la révélation de la peinture et des premières oeuvres. Et comment ne pas parler de Céline, que Gen Paul rencontra dans les années 1930, et de leur longue amitié ? Amitié tumultueuse qui ne survivra pas à la guerre et aux accusations délirantes de l'écrivain. Enfin comment ne pas évoquer Utrillo, l'autre peintre montmartrois qui, avec Gen Paul, incarna au XXème siècle la poésie de la Butte ?