Recettes intimes de grands chefs
Danny l’hédoniste, et Brian le ringard sont tous deux inspecteurs de l’hygiène à la mairie d’Edimbourg. Tout les oppose : l’un est beau gosse, bon vivant, a une fiancée sublime et des amis pleins d’humour. L’autre est timide, sobre, puceau, aime les jeux vidéo et les trains électriques.
Ils ont cependant deux points communs : leur travail parmi les chefs cuisiniers et leurs secrets, et l’absence d’un père.
Danny déteste ces grands chefs qu’ils contrôlent, mais il déteste encore plus son collègue. Cette haine est si puissante qu’elle se mue en un enchantement maléfique : tous les abus qu’il commettra sur sa propre personne se répercuteront sur Brian. Une cuite un soir, la gueule de bois du lendemain est pour Brian ; une dérouillée dans une bagarre de rue, c’est Brian qui porte les cicatrices. Et Danny prend un malin plaisir à observer sa propre déchéance sur le visage de l’autre.
Ce ressort de fable gothique se fond parfaitement dans le réalisme de l’univers de Welsh et lui permet de pousser plus loin son exploration des profondeurs de l’âme urbaine. Entre quête d’identité et observation minutieuse des tares de ses contemporains, l’auteur nous livre un texte hybride, bourré d’humour et de désespoir.
L’Edimbourg de Welsh nous plonge ainsi au milieu d’une galerie de portraits aussi amers que touchants, piliers de bar pleins de sagesse, chefs cuistots mutilés, fans de Star Trek, randonneurs pervers, tous empêtrés dans leurs drames personnels mais liés les uns aux autres par leurs faiblesses et leurs doutes. Une histoire d’identité, de liens humains mis en lumière dans leur perversité et leur drôlerie.