Kari, Tome 1 :
L'histoire s’ouvre sur un double suicide : Kari et Ruth, jadis inséparables, se jettent d’un toit. Cette métaphore de leur rupture amoureuse, fil conducteur du récit, se prolonge à travers le livre : tandis que Ruth est sauvée par un filet en bas de l’immeuble et s’enfuit, Kari tombe dans un égout et tente, tant bien que mal, de refaire surface.
Ruth est partie. Kari, elle, reste enfermée dans cette grande ville enfumée et mystérieuse qu’on devine être Bombay. En courts chapitres, elle nous raconte sa vie, son quotidien, celui d’une jeune fille rebelle qui assume pleinement son homosexualité dans une société partagée entre tradition et modernité.
Un univers poétique, sombre et attachant pour dire les choses de la vie commune : son emploi dans la pub, son appartement en collocation, sa chef de bureau atteinte d’un cancer, les chats errants du quartier…
Usant de mélanges d’influences, de genres, de matériaux, Amruta Patil explore avec un talent immense et une intensité puissante la palette de ses états d’âme. Les traits rugueux au fusain confèrent à l’ensemble un côté brut, une existence croquée, en cours de formation, comme Kari elle-même qui se cherche, tâtonne et dissèque le cœur de la mégalopole triste. Dans son errance, elle parcourt les chemins de la solitude, de la mort, de l’absence de l’Autre. Au détour d’une page apparaît parfois une pointe de couleur : comme l’humour brutal de la narratrice, ces oasis colorées apportent un souffle de vie, une touche d’espoir dans l’univers claustrophobe d’une cité qui aliène et oublie.
Teintée de mythologie, d’espoir, de colère et de poésie, Kari est un voyage, une quête pour trouver un remède à la douleur de l’Amour.