Pays perdu
Editeur : L'Esprit des Péninsules
" "C'est un pays perdu" dit-on : pas d'expression plus juste. On n'y arrive qu'en s'égarant. Rien à y faire, rien à y voir. Perdu depuis le début peut-être, tellement perdu avant d'avoir été que cette perte n'est que la forme de son existence. Et moi, stupidement, depuis l'origine, je cherche à le garder. Je voudrais qu'il soit lui-même, immobilisé dans sa propre perfection, et qu'à chaque instant on puisse s'en emplir.
Deux frères, qui habitent en ville, possèdent dans un hameau isolé une maison de famille. L'un d'eux vient d'hériter d'un cousin qui vivait en sauvage dans sa ferme. À leur arrivée, ils apprennent la mort d'une jeune fille du village. Les obsèques ont lieu le lendemain. Comme dans les anciennes tragédies, l'action se déroule sur deux journées d'hiver, au cœur de montagnes désertes. Les dieux qui la régissent sont à la fois grotesques et terrifiants. On les nomme Alcool, Hiver, Merde, Solitude. Ils n'empêchent pas, cependant, que ceux qu'ils soumettent à leurs caprices fassent preuve d'une véritable grandeur. Ce que l'on enterre, dans ce roman, ce sont les derniers paysans. C'est aussi la beauté, dont on ne parvient jamais à faire son deuil