L'ange du bizarre
« Là-dessus, je fis un effort pour me lever, dans le but de mettre ma menace à exécution ; mais le brigand se pencha à travers la table, et, m'ajustant un coup sur le front avec le goulot d'une de ses longues bouteilles, me renvoya dans le fond du fauteuil, d'où je m'étais à moitié soulevé. J'étais absolument étourdi, et, pendant un moment, je ne sus quel parti prendre. Lui, cependant, continuait son discours :
« Phus phoyez, - dit-il, - gue le mié hait de phus dénir dranguile ; et maindenant phus zaurez gui che zuis. Recartez-moâ ! che zuis l'Anche ti Pizarre.
- Assez bizarre, en effet, - me hasardai-je à répliquer ; - mais je m'étais toujours figuré qu'un ange devait avoir des ailes.
- Tes elles ! - s'écria-t-il grandement courroucé. - Gu'ai-che avaire t'elles ? Me brenez-phus bur ein boulet ?
- Non ! oh ! non ! - répondis-je très-alarmé, - vous n'êtes pas un poulet ; non certainement. »