Ni toi ni moi
Editeur : Paul Otchakovsky Laurens
Un cinéaste, ayant entendu la narratrice lire à la radio un court récit intitulé L’homme de ma mort, lui demande si elle accepterait de développer pour lui cette histoire, qu’il voudrait adapter à l’écran. Après des hésitations dont elle s’explique, elle entreprend de lui raconter en détail cet épisode de sa vie. La narration est constituée presque uniquement d’une suite d’e-mails adressés au cinéaste, qui vit à l’étranger. Ces messages font alterner des récits au passé, des propositions de scènes cinématographiques dialoguées, des fragments réflexifs sur la difficulté ou l’incapacité d’aimer. Le sujet du film (et donc du roman) est en effet celui-ci : un homme, Arnaud, s’éprend passionnément d’une femme (la narratrice, baptisée Hélène), donne tous les signes d’un amour vrai, puis, presque aussitôt, se déprend d’elle et manifeste indifférence, haine ou mépris. Tous les signes s’inversent sans motif apparent.
La narratrice tente de cerner l’inconstance, la versatilité du sentiment amoureux, la douleur de ce qui ne dure pas. Elle cherche un sens à ce qui, semble-t-il, n’en a pas. Elle scrute sans relâche la frontière entre ces deux phrases : je t’aime/je ne t’aime plus, entre ces deux images : l’éclat du premier regard (le flash amoureux) et le dégoût du dernier regard. Comment « l’homme de ma vie » devient-il « l’homme de ma mort » ? Qu’est-ce qui s’est passé entre les deux ? Qu’est-ce qui a passé ? Tout le roman est vrillé autour de cette question : pourquoi « ça ne marche pas ? ». Il se présente comme une sorte de polar psychique : on enquête sur la disparition de l’amour, on interroge les témoins ou les complices (les parents d’Arnaud, la sœur d’Hélène, etc.), on tente d’établir les responsabilités (Qui est coupable ? Est-ce toi, est-ce moi ? Ou bien ni toi ni moi ?), on en cherche les causes aussi profond que possible, quitte à aller voir du côté de l’inconscient.