Hammurabi Hammurabi
Le Code d’Hammurabi, qui est au centre de ce livre, se présente comme une grande stèle de 2,5 mètres de haut, en basalte. La stèle, conservée au Louvre, porte l’inscription de décisions de justice formant code et rendues par Hammurabi afin que « le fort n’opprime pas le faible ».
Les différents « articles » du Code d’Hammurabi fixent les règles de la vie courante et touchent aux rapports qui unissent les groupes sociaux, la famille, l’armée, la vie religieuse et la vie économique. Elles ont toujours trait à des situations très précises concernant les vols, les prêts, les honoraires, les contrats, les fermages, les débiteurs insolvables, les esclaves fugitifs, le statut de la femme. Il n’y a pas d’idée générale ni de concepts abstraits exprimés pour justifier telle ou telle disposition, il n’y a pas non plus d’ordre logique dans la présentation.
Bien sûr, le texte, bref, de Frédéric Boyer, fortement scandé, déclamatoire, emporté, n’est pas un texte de droit, il n’est pas non plus une étude historique. Mais il se sert du droit et de l’histoire pour parler d’aujourd’hui et de toujours. Aujourd’hui, sur l’emplacement de Babylone où Hammurabi fut roi, en Irak, a lieu une guerre qui n’en finit pas. Depuis toujours le droit ne fait que constater des rapports de force qu’il peine à infléchir. Hammurabi Hammurabi est le chant double de ce conflit.
« Oui. J’étais soldat dans la 31e année du règne de Hammurabi. J’ai rasé la moitié de mes cheveux. J’ai calfaté mon cœur. J’ai renversé la plaine. Je suis mort à zéro heure quarante dans mon véhicule de combat. Oh quelqu’un m’a rattrapé. Je pense à toi. Ça y est. Je suis un soldat mort. Mon corps dans un sac hermétique fait le voyage en hélicoptère Apache. Soleil brûlant. Direction le ciel. C’est la loi. Plus d’histoire. »