Le gardien de mon frère
Magnus Meyer est un riche Danois, patron d'une multinationale prospère. Il meurt à plus de 90 ans, et ne lègue pas seulement sa fortune mais aussi le récit de sa vie, sous la forme d'une publication posthume retraçant ses débuts. De la fin de l'été 1937 au printemps 1938, Magnus Meyer apporte son lot de révélations, tant sur sa famille, bien sûr, que sur les enjeux internationaux : la guerre civile espagnole et les procès staliniens. Issu de la bonne société danoise, Magnus était parti vivre sa vie en Argentine et à New York. Une vie mouvementée chargée de mystères, de choses inavouables, de femmes anonymes - sauf une. S'il rentre en cette fin d'été 1937, c'est à la demande de sa chère soeur Marie. Elle vit et travaille toujours avec leur père, « le médecin chef » comme l'appelle Magnus, un tyran-domestique qui dirige un sanatorium de luxe - la description en est stupéfiante de réalisme. La dernière fois que Magnus a vu son père, cinq ans plus tôt, celui-ci gisait à terre, le nez en sang, après le coup que Magnus venait de lui porter. Mais Marie a réussi à le convaincre de rentrer, pour le charger d'une mission : aller chercher leur petit frère, Mads, l'idéaliste. Il fait partie des quelque cinq cents volontaires danois qui auront à terme rejoint les Brigades internationales sur le front espagnol. Au souper dans la grande demeure bourgeoise du médecin chef, les conversations gravitent autour des recherches médicales et des études sur la résistance aux maladies des différentes races. Le nazisme monte et s'installe dans les esprits. Sous couvert d'une accréditation de journaliste qui lui permettra de franchir les frontières, Magnus rencontre tant les conservateurs, partisans d'une position non interventionniste du Danemark, que les communistes et leurs luttes internes, opposant le parti et les trotskystes. Sur place, un confrère américain le met sur la piste de l'or espagnol, trésor issu des conquêtes du XVIe siècle et disparu en 1936. Le périple de Magnus en pleine guerre civile espagnole puis à Moscou lors des purges staliniennes sera hélas riche en atrocités. Orgueilleux et distancié, Magnus Meyer pourra-t-il sortir vraiment indemne de ces événements ? A-t-il fui ses responsabilités toute sa vie ? Ce récit posthume pourrait bien être l'occasion de réviser l'histoire d'une belle ascension professionnelle, d'une renommée qui semblait honnêtement gagnée. En bon protestant, Magnus Meyer a-t-il pu à l'aube de sa mort rejeter la question de la culpabilité ?