Juif dans la France allemande : Institutions, dirigeants et communautés au temps de la Shoah
En 1944, dans les jours précédant la Libération, alors que le processus d'extermination des communautés juives est pratiquement achevé aux Pays-Bas ou en Pologne, des milliers de Juifs parisiens continuent de mener une existence visible, à quelques kilomètres du camp de Drancy, antichambre d'Auschwitz. Si les rafles meurtrières ont poussé des milliers d'entre eux à rechercher la clandestinité et à gagner des refuges en zone Sud, une vie organisée se poursuit, au coeur du malheur. Seules deux institutions sont autorisées : le Consistoire central, conservatoire des principes républicains et, en apparence à l'opposé, l'Union générale des Israélites de France (UGIF), créée par Vichy en 1941 et conçue par les Allemands comme un instrument de repérage et un moyen de diffusion de leurs ordres. En acceptant de négocier avec l'occupant et avec Vichy, en s'efforçant de préserver des foyers d'accueil, des cantines, des dispensaires et autres organismes communautaires alors que s'accroissent les pressions, les exactions et les persécutions, les dirigeants des institutions juives ont-ils versé dans la trahison en participant à une politique de leurre ? Les responsables de l'UGIF ont-ils permis le fichage des populations juives, et participé à la distribution de l'étoile jaune, comme ils en furent accusés après-guerre sans qu'on y regarde de plus près ? L'ouvrage de Michel Laffitte ", écrit Annette Wieviorka dans sa préface, " se situe aux antipodes d'un simplisme expéditif et réducteur. Il nous fait pénétrer avec subtilité dans la réalité quotidienne de ces hommes et de ces femmes, dans les perceptions qu'ils ont des mesures prises contre eux, dans les mécanismes mentaux qui les font agir dans une situation où la marge qui leur est laissée est si mince. C'est un récit nouveau et passionnant de la vie des Juifs sous l'Occupation, nourri par des sources nombreuses et inédites. " Et elle conclut : " L'intelligence, la sensibilité, le souci de la vérité sont les seuls vrais hommages que l'on peut rendre aux victimes. "