Rubens, des camées antiques à la galerie médicis
Rubens, des camées antiques à la galerie Médicis met en évidence un élément déterminant pour l'interprétation du cycle pictural à la gloire de Marie de Médicis aujourd'hui conservé au Louvre : les camées antiques, ces pierres gravées d'une extraordinaire finesse et qualité, ont constitué un modèle et une source d'inspiration au moment où il inventait une iconographie inédite.
Dans Rubens, des camées antiques à la galerie Médicis, Marianne Cojannot-Le Blanc, spécialiste de l'histoire de la peinture au xviie siècle et Évelyne Prioux, spécialiste des arts de l'Antiquité, ont choisi de réunir leurs compétences pour mettre en évidence un élément déterminant pour l'interprétation de l'œuvre de Pierre Paul Rubens (1577-1640) : les camées antiques, ces gemmes gravées d'une extraordinaire finesse et qualité, ont constitué pour l'artiste, dont l'activité était placée pour l'essentiel sous le signe de la peinture d'histoire, un modèle de substitution face à la disparition presque complète de la peinture antique à son époque. Et ce modèle est la source implicite de l'un de ses cycles les plus fameux, la galerie Médicis, c'est-à-dire la suite spectaculaire de vingt-quatre tableaux peints pour la reine Marie de Médicis pour le palais du Luxembourg à Paris (tableaux aujourd'hui conservés au musée du Louvre).
Pour le comprendre, il faut consentir à circuler non seulement entre l'Antiquité et le XVIIe siècle, mais encore entre la peinture et les pierres gravées, entre les très grands et très petits formats, entre l'univers de la création et celui de la collection d'objets précieux. Rubens en effet collectionna avec un discernement remarquable des pierres gravées antiques proposant une iconographie politique complexe au moment où il était lui-même confronté à un exercice nouveau : l'invention originale d'un cycle pictural à la gloire de Marie de Médicis. Car s'il existait des conventions en matière de célébration épique d'un roi (scènes de batailles, triomphes, etc.), celle d'une reine supposait l'invention d'une iconographie inédite. Tâche dont Rubens s'acquitta de manière saisissante.