Des chiens auprès des hommes : Quand l'anthropologue observe aussi l'animal
Des chiens en sciences de l'homme? L'idée pourrait paraître incongrue. C'est pourtant sous la forme d'un pari épistémologique que se donnent à lire les réflexions ouvertes dans cet ouvrage. Celui-ci part du postulat qu'il est anthropologiquement possible et pertinent d'étudier les hommes et les animaux côte à côte. Cette posture radicale fait d'emblée émerger une difficulté pour l'anthropologue : comment observer le chien comme une présence située? Comment l'étudier dans les spécificités de son existence? Marion Vicart entend répondre à ces questions par la mise en ?uvre d'un dispositif méthodologique spécifique, la phénoménologie équitable. C'est ainsi que l'ouvrage nous emmène par exemple à la découverte de la journée d'un chien. Mais l'étude de l'animal doit-elle se faire au détriment d'une étude de l'humain? Ainsi, à mesure que se mesure l'"équitabilité méthodologique", ce sont d'autres chiens mais aussi d'autres hommes qui apparaissent dans leurs modes de présence, de coprésence et d'actions. De ces analyses phénoménographiques ressort une stimulante découverte : en dépit des spécificités de leur existence, l'homme et le chien partagent un mode de présence mineur fondé sur la distraction et le relâchement. Au terme de cet essai d'anthropologie équitable, ce sont d'autres interrogations qui sont soulevées : à quoi ces connaissances sur le chien vont-elles bien pouvoir nous servir? Comment leur donner un statut analytique légitime dans la echerche? Que peuvent-elles bien apporter aux sciences sociales? L'exemple du chien permet ainsi de montrer comment le rôle joué par la nouvelle présence des animaux peut véritablement aider à repenser le projet descriptif, et celui plus fondamental, de l'anthropologie.