Pendant Smara, l'acteur géographique : Suivi de Pissarro & Co
L’acteur géographique (le narrateur) de Pendant Smara construit, sous la forme d’un journal, un espace à la fois physique et mental. Progression difficile, interminable, crevassée çà et là par des flashes prenant la forme de bribes d’observations, d’annotations, de locutions banales, de réflexions sociologiques, économiques, etc. Mais si un basculement s’opère au moment où Smara – ville fantôme réelle ou illusoire – apparaît, alors tous ces discours, qui tentent chacun à sa façon de réinventer une réalité toujours chaotique, peuvent s’affirmer – tandis que l’acteur géographique s’épuise, se détraque. S’interrogeant sur l’hétérogénéité constitutive de la langue, Jacques Sivan continue à explorer ici ses potentialités visuelles et phonétiques en l’envisageant sous l’angle de la réévaluation et de la reconstruction perpétuelle d’un sujet forcément contextuel, qu’il qualifie de « motléculaire ». Son écriture performative et visuelle, désafublée de toute contrainte stylistique, s’inscrit dans la continuité des recherches poétiques formelles issues des avant-gardes.