Codes noirs et autres documents concernant l'esclavage
« Déclarons les esclaves être meubles, et comme tels entrent en la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque, et partager également entre les cohéritiers, et partager sans préciput, ni droit d'aînesse...) (Code Noir des Antilles.)
Promulgué en 1685, alors que l'absolutisme du Roi-Soleil atteignit son apogée, le Code Noir devait réglementer l'esclavage dans les colonies françaises jusqu en 1848. Deux autres codes, celui des Isles de France et de Bourbon (1723) et celui de la Louisiane (1724), ne manifestèrent aucun fléchissement, tout en adaptant certaines clauses aux conditions locales.
Aux deux versions (1685 et 1724) dans l'édition rarissime du Code Noir (Paris : Prault, 1767; Bibliothèque Carnegie : Collection d Epinay) a été ajouté le « Code indocéanique » de 1723. On trouvera ici une étude textuelle des variantes dans les trois codes.
Partant du principe que les bons livres sont ceux dont les lecteurs dont eux-mêmes la moitié, il s'agit de mettre à la disposition des lecteurs ces documents nécessaires pour leur faciliter la tâche de réinterpréter l'histoire « en connaissance de cause » et de faire leur « devoir de mémoire ».
Autour des trois Codes Noirs, se retrouvent de nombreux Edits et Ordonnances portant sur la création des Compagnie négrières de Guinée, du Sénégal, des Côtes d'Afrique et autres. Sans ces précieux documents, on arriverait difficilement à une compréhension du système d'esclavage colonial triangulaire (Europe-France-Amérique) qui enrichit les nations européennes mais qui aboutit à « un cauchemar qui devait durer pendant trois siècles ».
Cette édition, en orthographe moderne, est donc un outil indispensable pour ceux qui essaient d'y voir plus clair. On pose la question : comment expliquer l'indifférence ou la gêne apparentes du Siècle des Lumières (l'âge de raison) face au Code Noir, jugé par d'aucuns « monstrueux de son premier présupposé à son dernier corollaire », qui ne légifère pas pour des sujets, mais pour des sous-hommes » (Sala-Molins)