Raptus
RAPTUS. II n'est pas toujours facile d'être le fils d'un homme politique. Encore moins si ce dernier vous a élevé seul, dans le grisant désordre des années 1970, et vous a fait partager le secret des convictions révolutionnaires qu'il dissimule en menant officiellement une carrière au parti socialiste.
Tel est le cas de Matthieu Wirth, étudiant plutôt brillant prisonnier d'obsessions qui, non sans drôlerie, compliquent son quotidien. Leur ressassement, toutefois, va être brisé net par la double secousse d'un coup de foudre amoureux et d'une tempête médiatique - où le héros découvre que son père l'a trahi. Alors tout bascule. Les uns après les autres, les repères réalistes s'altèrent à mesure que l'on plonge, avec Matthieu, dans une folie mystique aux décors inquiétants qui réordonne motifs politiques et roman familial en une théologie délirante, mais finalement libératrice. Scènes croquées avec un art caustique, échos de la grande histoire, joyeuse empathie pour un héros persuadé que Dieu est bien vivant, mais réfugié en Suisse... Comme dans son premier roman, La Vie de Mardochée de Löwenfels, écrite par lui-même (Sabine Wespieser éditeur, 2002), l'auteur explore ici le thème de l'hérédité et l'obscure confluence entre subversion et religion.