Le déclin de la lune
Le déclin de la Lune "Tout est mémoire." Après avoir retracé le destin de trois générations d'une famille ouvrière américaine, Joseph Coulson achève son roman sur ce constat désabusé. Rien n'a jamais été facile pour les Tollman : quand le père, réparateur de radios, se retrouve à la rue, victime de la grande dépression des années 1930, ils sont contraints de quitter Cleveland et d'aller vivre sous une tente en pleine campagne. Stephen, le fils cadet, évoque cette période misérable mais bucolique avec un certain bonheur, malgré la cécité naissante de la mère, la cruauté des gamins de l'école et une nature plutôt hostile dont les arbres morts sont les inquiétants vigiles. Sans doute la vitalité et l'obstination de Phil, le frère aîné, font-elles à cette époque écran à la malchance. Quand Katherine, narratrice de la deuxième partie du livre, rencontre Phil, il est devenu un ténébreux jeune homme qui chavire le cœur de la belle pianiste avant de la quitter pour s'engager dans l'armée de l'air. Nous sommes en 1939. La fatalité familiale et les épreuves de la guerre finiront par avoir raison de Phil : en 1968, c'est un père alcoolique et violent que décrit son fils James, adolescent dans l'Amérique des hippies, des Black Panthers et de la guerre du ViêtNam. Un déclin qui trouve son aboutissement dans la dernière partie du livre, lors d'une saisissante crise d'autodestruction. Bien qu'il soit le seul à ne jamais y livrer son point de vue, Philip Tollman est au cœur de ce roman polyphonique à l'écriture remarquablement modulée. Son destin brisé est emblématique de celui de sa famille en même temps qu'il nous parle d'une certaine Amérique, celle des laissés pour compte.