Le livre des secrets
Quand elle était adolescente, Fiona Kidman vécut deux années à Waipu, une petite ville du Nord de la Nouvelle-Zélande, où s'installa au tournant des années 1850 une importante colonie écossaise. Les histoires qu'elle y entendit lui inspirèrent ce roman où elle retrace le périple des migrants partis des Highlands en 1817 pour arriver à Waipu en 1854, après être passés par la Nouvelle-Écosse et l'île du Cap-Breton sur les côtes d'Amérique du Nord, par le Cap-Vert, l'Afrique du Sud, l'Australie et enfin Auckland en Nouvelle-Zélande.
C'est à travers trois générations de femmes que Fiona Kidman évoque les tribulations de cette communauté, soudée tant bien que mal derrière l'autoritaire et charismatique pasteur Norman McLeod, pour qui Isabella, l'ancêtre de leur lignée, quitta l'Écosse. En 1953, quand s'ouvre le roman, Maria, sa petite-fille, vit depuis plus de cinquante ans seule dans la maison de famille délabrée. On la surnomme « la sorcière de Waipu », elle qui très jeune se rebella contre sa mère et son entourage pour vivre sa passion avec un cantonnier. Mise au ban d'une société encore très respectueuse des strictes règles morales édictées par son sourcilleux fondateur - porter un ruban pour aller à l'église était considéré comme un péché -, elle a tout le temps de réfléchir au passé familial. Le journal qu'a tenu sa grand-mère au long de sa vie aventureuse, et sur lequel elle a mis la main au fond d'un tiroir, lui révèle l'envers du décor : ce Livre des secrets lui renvoie en effet sa propre image en digne héritière de l'héroïne indépendante, fière et courageuse que fut Isabella, qui bien des fois eut à subir les foudres d'un McLeod particulièrement peu enclin à accepter que des femmes aient des opinions. Et l'on comprend, au fil des lettres, des souvenirs et des évocations du passé que, pour exister dans cette communauté masculine et rétrograde, les femmes n'avaient d'autre choix que d'en contourner les préceptes et de vivre une vie de secrets.