Dans la forêt
Le Kinderschreck. C'est le nom que lui a donné l'Allemand quand il a volé le fusil. Avant cela, il a été Michen, du nom d'un saint, puis Mich, le chouchou à sa maman, puis Fiston, lorsqu'on l'envoya là-bas, puis Petit, lorsque le père Damien lui demanda de s'occuper des fleurs et des burettes dans la sacristie, puis K, pour O'Kane, quand commencèrent ses voyouteries. Il avait été un enfant de dix, onze et douze ans, puis il cessa d'être un enfant parce qu'il avait appris les choses cruelles qu'ils lui avaient enseignées, dans des endroits portant les noms de saints.
Il avait dix ans quand il prit le fusil. Il le prit pour ne pas avoir peur. Ils le bouclèrent à cause de ça. Ce fut son premier contact avec une arme, sa première bouffée de pouvoir. Elle était lourde.
À la mort de sa mère, Michen s'enferme dans une solitude et une violence qui le conduisent tout droit en maison de correction. Des années plus tard, c'est un être instable et ravagé par l'enfermement qui revient semer le trouble dans son village natal.
Michen vole, menace, insulte la population, qui reste pétrifiée, oscillant entre pitié et répulsion. Jusqu'à ce que, mû par une force incontrôlable et les voix qui ne le quittent jamais, il attire une jeune femme et son fils, isolés dans leur cottage aux lisières du village, dans les ténèbres du bois de Cloosh. S'inspirant d'un fait divers qui bouleversa un petit village du comté de Clare en 1994, Edna O'Brien nous entraîne au plus près du délire psychotique d'un meurtrier, alternant de manière troublante les points de vue, celui du protagoniste et ceux de ses victimes, dans un saisissant roman polyphonique.