A Boulevue
A Boulevue, qui signifie précipitamment, est ce livre où l'on découvrira : Jean-Luc Parant projetant ses yeux sur le Lac de Grand-Lieu comme deux mains immenses et avides qui n'auraient encore jamais rien touché ; le même découvrant l'argile mise à nu par le Lac comme l'intérieur de la Terre, et modelant des boules de terre et d'eau dans la nuit de ses mains ; que la terre de Grand-Lieu est double : pour moitié argile et pour moitié tourbe et que Jean-Luc Parant les réunit comme sont réunis le côté jour et le côté nuit de la Terre ; que de nombreux habitants, lycéens, collégiens et écoliers de Grand-Lieu ont participé à la fabrication de 32215 boules comme 32212 portraits de riverains du Lac ; Jean-Luc Parant faisant la lecture de son texte A Boulevue comme s'il donnait ainsi un écho visible et intouchable à ses boules touchables et invisibles ; des boules, sous vitrines, devenues visibles et intouchables et un texte sur les yeux, manuscrit de très près, devenu touchable et presque invisible : les boules et le texte sur les yeux s'étant échangé leur place comme le jour et la nuit s'échangent la leur sur la Terre ; Jean-Luc Parant faisant la lecture de la suite de son texte A Boulevue, accompagné au piano par sa fille Marie-Sol comme si celle-ci avait découvert la musique des sillons que la Terre trace en tournant sur elle-même, et que Jean-Luc Parant avait su entendre et dire grâce à elle la parole du chemin que la Terre trace en tournant tout autour du soleil ; que le lancement est le premier geste de l'homme ; Jean-Luc Parant lançant mille et une boules dans le Lac de Grand-Lieu comme mille et une nuits rendues à son obscurité ; que l'impact d'une œuvre est aussi fragile que l'impact d'une boule à la surface de l'eau mais aussi étendu que les cercles concentriques qui s'en éloignent peu à peu.