Portrait de Soulesme
« Cher ami, Vous trouverez, ci-joint, une version nouvelle du roman Soulesme qui annule et remplace celle que je vous ai adressée au mois d’octobre. Ce remords est à l’image des difficultés que j’éprouve depuis le début avec ce texte écrit pour l’essentiel en 2002. La lectrice que je fais intervenir dans les dernières pages avait raison de me pousser à universaliser mon propos. Depuis quatre ans, je me suis efforcé, en y revenant par périodes, de laver ce texte de sa gangue anecdotique. Ça a été un rude travail que ce travail d’écriture (admettant qu’il soit terminé, mais je le crois). Je vous livre ce texte auquel je tiens beaucoup, qui est une protestation que d’aucuns pourraient trouver juvénile, même infantile – et, tout compte fait, je crois que le deuxième terme est celui qui convient le mieux –, contre le renoncement à l’idéal. J’ai trouvé dans La terre sous ses pieds de Salman Rushdie (du bon usage de la maladie pour lire de gros livres) cette phrase : “Sentez-vous dans ma voix que je suis en colère ? Bon, je lisais un livre sur la colère. On y dit que la colère est la preuve de notre idéalisme. Quelque chose a mal tourné, mais nous, nous savons, dans notre rage, qu’il devait en être autrement. Ça ne devait pas être comme ça”. Pas moyen de dire mieux ce que fut mon intention. »
Lettre à l’éditeur