Armand Robin : Le poète indésirable
ARMAND ROBIN, naît à Plouguernevel en 1912, dans une famille de cultivateurs. Chez lui, on ne parle que le Breton et c'est à l'école, à l'âge de six ans, qu'il apprend le Français. Que faire quand on est poète et que notre langue maternelle ne s'écrit pas ? La réponse semble simple : on s'en cherche une autre. Et Robin de partir à la recherche d'une "langue natale". Ce que le français, sa langue d'écriture pourtant, ne peut être, parce que marqué pour lui dès l'origine comme langue acquise en opposition à sa langue maternelle. Ce que va chercher en vain Robin à travers toutes les langues du monde, dans une perpétuelle fuite en avant, c'est une langue maternelle. Son exceptionnel don pour les langues servira cette quête toujours insatisfaite. Il parlera et écrira, à l'en croire, de vingt à quarante langues et des plus rares. Sans que jamais s'apaise sa soif. Mais il trouvera une autre compensation au déficit de langue maternelle : se libérer de son oeuvre propre par la traduction. Les langues des autres, mais aussi leurs voix, deviennent siennes, création propre et traduction sont indissociables, leurs limites se dissolvent, elles s'annulent l'une en l'autre.