Robert Antelme : L'humanité irréductible
Publié en 1947, L'Espèce humaine de Robert Antelme compte aujourd'hui parmi les oeuvres essentielles de la littérature concentrationnaire. Arrêté comme résistant en juin 1944, Robert Antelme fut déporté à Buchenwald, puis à Gandersheim et enfin à Dachau. C'est de cette déportation qu'il est question dans L'Espèce humaine. Plus encore, il y est question de la signification qu'Antelme sut donner à celle-ci. Car l'intérêt de ce livre réside non seulement dans ses descriptions, aussi sobres qu'inoubliables, mais aussi dans ses analyses qui, un demi-siècle plus tard, n'ont rien perdu de leur immédiateté ni de leur urgence. Il y a eu, comme l'écrit Antelme, un "rêve SS" celui de distinguer à l'intérieur de l'espèce humaine, de réduire à l'état de rebut tout ce qui, pour le système nazi, constituait une "sous-humanité". En face de ce "rêve", affirme Martin Crowley, en appeler à l'humanisme classique ne suffit plus. Il faut un nouvel humanisme, qui fasse de ce rebut l'homme lui-même.