Carnets de bord : Volume 1, 1962-1969
L'œuvre maintenant reconnue, étudiée, admirée de Pierre Guyotat en dissimule une autre, secrète quoique de dimension considérable (ce volume est le premier d'une série) et d'une importance littéraire qu'on ne tardera pas à mesurer. Cette œuvre " parallèle " tient du journal (brèves évocations de vie ; voyages, politique, arts, ethnographie), du carnet de croquis (notations de corps, projets, indications, didascalies), du carnet de travail enfin (brouillons, séquences et fragments d'où naîtront les livres). L'œuvre, dans sa scandaleuse nouveauté, est ici mise à nu. Parce que c'est dans ces Carnets de bord qu'il est possible d'approcher la création au plus près, de comprendre comment cette représentation immense, brassant Histoire et histoires, s'est imposée à l'auteur lui-même ; de comprendre surtout comment s'est imposée à cette représentation une langue jusque-là " inouïe ". C'est l'intimité même de l'œuvre qu'on est peu à peu amené à découvrir. C'est aussi la solitude nécessaire de son auteur, traversée par le doute, mais le plus souvent animée d'une détermination peu commune. Ce premier volume couvre les années 1962-1969 : notes de prison du printemps 1962 en Algérie ; douloureux retour de guerre, journalisme, voyages (Grèce, Sahara, Cuba) ; avant-garde, engagement politique, sexualités ; ébauches, écriture des deux premières œuvres majeures : Tombeau pour cinq cent mille soldats et Eden, Eden, Eden ; combat pour leur publication et leur défense.