LKP Guadeloupe : le mouvement des 44 jours
La Guadeloupe, ses cocotiers, sa mer turquoise...
Après la grève générale la plus longue de l’histoire de France (44 jours, début 2009), la carte postale s’est quelque peu écornée, laissant apparaître une réalité plus sombre : chômage vertigineux et prix exorbitants, héritages coloniaux divisant socialement et économiquement une société marquée au fer rouge par l’esclavage, toute-puissance de grands groupes monopolistiques tenus par des descendants d’esclavagistes, ou bien encore politique de dépendance entretenue depuis des siècles par la métropole. Pour lutter contre ces maux, les forces progressistes de Guadeloupe se sont regroupées au sein du Liyannaj Kont Pwofitasyion, le LKP. Comment ce collectif a-t-il pu rassembler tous les syndicats de l’archipel (UGTG, CGTG, SYMPA CFDT, etc.), certains partis et organisations politiques (PCG,lesVerts,Combat Ouvrier,etc.),des associations et des groupes culturels, sous la même bannière ? Quel est le secret de son unité, le fameux liyannaj que les mouvements sociaux de la France hexagonale lui envient ? S’ancre-t-il avant tout dans l’histoire particulière de la Guadeloupe et de ses luttes anticoloniales ou bien porte-t-il aussi une dimension universelle? Les auteurs répondent à ces questions et à bien d’autres encore qui font polémique : le LKP est-il indépendantiste ? Quel crédit accorder aux accusations récurrentes de racisme dont il fait l’objet ? Quels sont ses modes d’action ? Comment expliquer l’explosion de violence qui a embrasé la Guadeloupe pendant deux jours et dans quelles circonstances restées troubles le syndicaliste Jacques Bino a-t- il été abattu ? Espoir et dignité des sans-voix de la Guadeloupe, le LKP cherche à refonder la société, mais sur quelles bases et quelles sont ses limites ? Quel bilan tirer des « 44 jours », des suites de la mobilisation, et quelles sont les perspectives d’un collectif si hétérogène, dans la Guadeloupe de demain?
Cet ouvrage est le fruit de regards croisés : celui d’un acteur du mouvement qui l’a vécu, relaté et analysé de l’intérieur, au quotidien, dans les blogs Chien Créole devenus une référence, et celui d’un anthropologue d’origine guadeloupéenne vivant au Mexique, spécialiste des Amériques noires et de la Caraïbe, ayant suivi les événements à distance, mais avec un regard proche.