Haiti, sous les décombres de l'histoire
Haïti, 12 janvier 2010, 16h53. Un séisme d’une violence inouïe ravage Haïti et va provoquer une hécatombe qui se comptera en centaines de milliers de morts et de blessés graves.
Sur place, les écrivains haïtiens réunis à Port-au-Prince pour le festival des Étonnants Voyageurs témoignent de ce qu’ils ont vécu, nous donnent à voir l’ampleur du désastre, mais aussi l’espoir, la dignité de ce peuple qui commençait juste à se relever de quatre cyclones successifs. Ils deviennent la voix des sans-voix.
Mais alors que la communauté internationale réagit avec un élan de solidarité admirable, des voix évoquent une malédiction divine qui aurait frappé Haïti pour la châtier à cause du vodou, la première croyance du pays. Quant à la presse internationale, elle décline à l’envie dans ses titres ce terme si accrocheur de « malédiction ».
Loin des représentations fantasmées qui l’accompagnent, les auteurs donnent pleinement la parole à ceux qui pratiquent la religion vodou au quotidien, pour mieux comprendre la cosmovision du peuple haïtien.
Ils se plongent dans l’histoire complexe d’Haïti, à commencer par la guerre d’indépendance contre les troupes napoléoniennes et l’influence de la république noire dans l’émancipation de l’Amérique latine.
Alors malédiction divine ou malédiction historique ? À la lecture de cet ouvrage, on comprend mieux comment les puissances occidentales n’ont jamais pardonné à Haïti l’humiliation qu’elle leur a infligée. Les auteurs dévoilent au grand jour les logiques historiques qui font que si le phénomène du 12 janvier 2010 était naturel, les responsabilités dans la gravité des conséquences de ce séisme sont hélas bien humaines.
Une prise de conscience douloureuse mais nécessaire à l’heure d’une reconstruction qui peut être une nouvelle chance pour Haïti ou bien la continuité d’un cauchemar s’il n’y a pas de rupture nette avec la spirale infernale qui maintient ce petit pays la tête sous l’eau depuis deux siècles.