Marxisme et Liberté
Publié aux États-Unis en 1958, régulièrement réédité, ce livre se propose de restaurer l'essence originale du marxisme comme théorie de la libération. Il s'agissait à l'époque de consolider sa séparation radicale avec son contraire, le « communisme » réellement existant comme pratique de la réduction en esclavage des travailleurs.
Il s'agissait de puiser dans le développement même du capitalisme et des moyens de production moderne - l'automation - la source de l'établissement de rapports radicalement nouveaux entre les humains et la machine, entre les humains et les humains.
Cet ouvrage traite l'évolution de trois courants majeurs de pensée :
1. L'évolution de l'économie politique anglaise, les doctrines révolutionnaires françaises et la philosophie idéaliste allemande, en fonction du développement de la société au cours de la période 1776-1831 ;
2. Du vivant de Marx et après, en fonction des luttes de classes, à l'époque de la guerre de Sécession, de la Commune de Paris, de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe ;
3. La méthodologie marxiste, appliquée aux problèmes soulevés par le mouvement vers la dictature économique d'un côté, la liberté absolue de l'autre.
Plusieurs mouvements poussèrent l'auteure à écrire ce livre :
1. Celui des ouvriers américains qui commençaient à se heurter aux réalités du machinisme. Au-delà des revendications salariales, les ouvriers exigeaient de meilleures conditions de travail et réclamaient un mode de vie tout à fait nouveau.
2. Celui des ouvriers de l'Allemagne de l'Est et de Hongrie qui défièrent le totalitarisme russe en 1953 et 1956.
3. Le mouvement des Noirs pour les droits civiques.
4. L'irruption de l'automatisation dans l'industrie.
Tous, note l'auteure, du philosophe à l'homme de la rue, se posent cette question : est-ce que l'homme peut être libre à notre époque totalitaire ?
La théorie ne peut que se développer pleinement qu'en reposant sur l'action et la pensée des mouvements sociaux ; l'auteure relève que l'aspect fondamental pour Marx consiste à ne pas voir l'être humain non comme un simple objet. Ayant placé les possibilités humaines au centre de sa pensée, Marx unit idéalisme et matérialisme et jette le gant à la bourgeoisie : « Être un radical, c'est saisir quelque chose à sa racine même. Et la racine de l'humanité, l'être suprême, c'est l'homme lui-même. »