Guerre froide, grèves rouges : Les grèves insurrectionnelles de 1947-1948
Fin 1947, la France de l'après-Libération est secouée par une vague de grèves qui se développe et se clôt abrup- tement. Inclassable, ce conflit social, aux nombreuses im- plications politiques, est parmi les plus âpres du 20 e siècle en France.
Tout commence à Marseille par l'arrestation, en no- vembre, de quatre militants de la CGT alors qu'enfle la pro- testation contre l'augmentation du prix des tramways. Les incidents s'enchaînent alors dans la cité phocéenne ; le Pa- lais de justice est pris d'assaut après la décision judiciaire qui maintient les inculpés en prison. La journée se termine tragiquement : des « nervis » mitraillent les manifestants qui mettent à sac les boîtes de nuit du quartier chaud. Vincent Voulant, un jeune ouvrier, est tué. La grève se propage ra- pidement dans la région marseillaise. Dans les jours qui suivent, les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais arrêtent également le travail et, bientôt, de nombreuses régions in- dustrielles sont touchées. Le mouvement, ponctué de nom- breux affrontements, ne prend fin que le 10 décembre.
Robert Mencherini analyse de manière détaillée, à l'échelle nationale, ce conflit social et politique. Il éclaire le rôle du Parti communiste grâce à un accès inédit aux archives du PCF et à celles de Jules Moch, le ministre de l'intérieur de l'époque.
Il s'interroge sur la nature du phénomène communiste en France au moment où commence la « guerre froide » et analyse les relations entre le PCF et Moscou.
Il effectue une mise au point sur l'année 1947, celle de l'expulsion des ministres communistes du gouvernement, et, plus particulièrement, sur les grèves ouvrières emme- nées par la CGT et dans lesquelles certains ont voulu voir une tentative insurrectionnelle.
Cet épisode historique qui tend à s'estomper dans la mémoire collective intéresse non seulement l'histoire, mais aussi le mouvement ouvrier. Il marque encore à ce jour de nombreuses divisions à gauche notamment syndicales.