Le narré des îles Schwitters
On connaît mal l'exil des Allemands qui, fuyant le nazisme, optèrent pour la Norvège, terre de paix. Dès l'invasion allemande, l'exode reprend. Quelques réfugiés se regroupent au nord de la Norvège, et poursuivent vers l'Angleterre. Ils espèrent y trouver la liberté, ils connaîtront la captivité. Kurt Schwitters demeure interné sur l'île de Man dix-sept mois. Le spectre de l'explorateur et fondateur du Haut-Commissariat aux réfugiés Fridtjof Nansen erre en filigrane.
Ni fiction ni récit ni essai biographique: le narré. Le narré pour se mettre dans la peau des lieux - machine à transformer du temps en espace. Le narré comme dispositif susceptible d'arracher l'écriture au référent d'archives ou d'enquête - Les fondements de l'ouvrage - pour lui conférer l'autonomie et la verticalité des arts poétiques: en prose, en prose cadencée, en versets, en vers, jusqu'au poème visuel et aux "récitclages ". Le narré, de forme sans cesse mouvante, exprime aussi le dit de la réclusion, sa conscience et sa mémoire. Il arrive qu'il endosse l'inénarrable. Pourquoi Kurt Schwitters? Parce que ses Merzbauten, comme son œuvre littéraire (spécialement son Ursonate) anticipent - on s'en rend compte chaque jour un peu plus - notre présent artistique européen. Enfin parce que son œuvre comme son attitude représentent un modèle face à toute société en banqueroute culturelle. En toile de fond, de nombreuses informations jusqu'ici inconnues ou inédites. Le Narré des îles Schwitters est le cinquième volume du " Cycle des exils ".