Saint Paul

Avec son Histoire des origines du christianisme, Ernest Renan propose pour la première fois une relecture très humaine de l'histoire sainte. En faisant de Jésus un simple personnage historique, Renan fait scandale et se met à dos cléricaux comme anti-cléricaux, il est même exclu du Collège de France. Dans le livre qu'il consacre à Saint Paul (1869), il retrace le voyage de l'apôtre des gentils (les païens) et embarque le lecteur dans une véritable expédition au coeur de l'empire romain. Il analyse le caractère et la psychologie de Paul, ce génie furieux mais non sans défauts, malice et vanité. Renan nous montre comment « l'homme d'action » a oeuvré pour répandre la religion rêvée par Jésus : « Il y avait sept ans qu'il était chrétien et pas un jour son ardente conviction ne s'était endormie. » Il parle aussi des ruptures et des querelles de Paul avec les fondateurs de la foi chrétienne, de sa faiblesse par rapport aux autres apôtres parce qu' « il n'a pas vu Jésus, il n'a pas entendu sa parole ». On voit Paul se heurter à la division des premières communautés chrétiennes au lendemain de la mort de Jésus, on le voit se débattre au tribunal de Rome pour ne pas renier sa conviction en la résurrection du Christ. Renan ne cherche pas à reconstituer l'aura dont est enveloppée Jésus mais à expliquer comment une légende se répand, comment elle se transforme en religion, pourquoi s'est-on épris d'une religion qui prône la pauvreté, la faiblesse et l'abdication plutôt que la richesse, la force et la domination.