Théâtre de chambre - Dissident, il va sans dire - Nina c'est autre chose
Editeur : Editions l'Arche
"Faut bien que j'utilise des mots, quand je te parle", dit une voix innommée dans un poème d'Eliot, avec ce qu'on imagine être une pointe d'impatience, d'irritation, de résignation. Première pièce, Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l'un et l'autre. Attachés l'un à l'autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D'elle. De la société. Du monde. Dissident il l'est avec passivité. Une tranquille et formidable passivité. Il parle mais se délie des paroles qu'il prononce. Disons peut-être que chez lui il n'y a pas d'adhérence. Il a. Il va sans dire. Elle n'est pas immobile, elle va et dit le discours "des parents". Elle le dit avec hésitation, ardeur, délicatesse, discrétion. Apparemment ça ne mène pas à grand-chose. Ce qui se passe entre eux risque tout le temps d'être nul. Pourtant on n'est pas loin entre eux deux, de ce qu'on pourrait appeler une passion, une intelligence. Deuxième pièce, leur mère est morte et ils habitent ensemble, deux frères, quarante ans passés, célibataires, une vie réglée. Sébastien qui travaille dans une usine est passionné par la comparaison entre les différentes nationalités, Charles ouvrier coiffeur est moins profond, ils s'entendent bien, ça pourrait continuer comme ça. Mais Charles introduit, "force", Nina, sa petite amie, dans leur vie commune. Celle-ci se met à craquer. Mais sans se défaire. Au contraire la vie ne cesse, à partir de là, de se faire, puisqu'il y a maintenant les contradictions, les tensions, un incessant éclatement.