Autobiographie psychique
L'Autobiographie psychique fait partie des oeuvres posthumes de Hermann Broch (né en 1886 à Vienne, mort en 1951 à New Haven). Le texte est né pendant son exil aux Etats-Unis vers 1942, et fort délicatement, Broch l'a envoyé à deux amies new-yorkaises qui ont pu y trouver une nouvelle preuve des subtilités dont fut capable son auteur. Sous l'influence de Freud, sous l'emprise de la psychanalyse, Broch tente d'expliquer à ses amies pourquoi il n'est pas capable de mener une vie normale.
Quel sentiment, quel mobile le pousse à fournir toutes ces preuves de virilité alors même qu'il n'éprouve que du mépris pour ce genre de preuves. D'autant plus que tout cela est régulièrement suivi d'un retour à l'ascèse. La clé est pour Broch un terrible sentiment d'infériorité. Il est fascinant d'observer comment l'auteur arrive à donner une image de lui-même qui, malgré ses côtés difficiles - sur le plan érotique et sexuel qu'il décrit avec une remarquable franchise -, ne le rend pourtant pas trop "répugnant". Comme s'il avait voulu garder ses distances vis-à-vis des femmes et, en même temps, conserver leurs faveurs. Le lecteur trouvera dans ce volume un texte non moins intéressant : L'Autobiographie comme programme de travail (1941), une oeuvre posthume également. Il s'agit de l'histoire d'un problème aux "conséquences apocalyptiques", pour le dire sans détour, de "la perte de l'absolu, du problème du relativisme pour lequel il n'y a pas de vérité absolue".
Broch parle ici du positivisme scientifique avec lequel il faisait connaissance à Vienne autour de 1900 et qui l'empêchait de poser des questions "métaphysiques" auxquelles lui et ses condisciples cherchaient désespérément des réponses.