Le gardeur de silence

Auteur : Fabrice Melquiot
Editeur : Editeur L'Arche

Bien que l'art dramatique se décline en nombreuses définitions, il semble acquis que toutes les pièces (dignes de ce nom) transportent l'esprit de leur temps. Chez Fabrice Melquiot les titres sont déjà évocateurs : Le Diable en partage, Percolateur blues ou ici Le Gardeur de silences. A première vue, on peut penser à quelqu'un qui sait se taire ou, parce que "silences" est un pluriel, à une personne qui sait que la parole est d'argent et le silence est d'or. En fait, il s'agit d'autre chose. Melquiot nous présente un bruiteur à la retraite, qui faisait des feuilletons pour la radio et des documentaires. Il inventait des bruits, il les capturait. C'était un chasseur de bruits sauvages. Il a tout enregistré, la moindre goutte d'eau. Et pendant l'absence des parents, c'est sa petite-fille qui s'occupe de lui. Il y a trois voix : celle du jour, celle du dedans et celle du passé : la voix du jour est la voix de la conversation courante ; la voix du dedans, c'est cet entretien intérieur qui constitue la pensée ; et les voix du passé, ce sont toutes ces voix que Séraphin Huppe enregistra dans sa vie et qui traînent maintenant sous forme de cassettes en dessous de son lit. Le Gardeur de silences est un dialogue entre cet homme, qui attend la mort, et sa petite-fille Saéna, qui ne voit pas. Un dialogue à trois voix : le vieil homme et sa petite-fille les utilisent comme autant d'instruments de musique. Quand on a refermé le livre, on n'écoute plus de la même façon, ni les bruits ni les silences. A une époque qui, de toute évidence, est bruyante et où le silence n'a plus droit de cité.

9,00 €
Parution : Septembre 2003
Format: Poche
48 pages
ISBN : 978-2-8518-1550-7
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