Veux-tu ?
Je passe mon temps à corriger le vide. D'une présence ou d'un poème, corriger le vide. Les textes qui suivent ont quelques années, d'autres sont venus tout à l'heure. Ecrits sur la route, dans des cafés, des hôtels, sur des quais de gare, dans des aéroports, des chambres d'occasion, je les ai pris tels qu'ils se présentaient, souvent je ne leur ai pas refait le portrait ; j'aime qu'ils ressemblent aux instants qui les ont vus naître urgents, fragiles. J'ai laissé à des phrases les reins endoloris, et si des mots sont courbatus, je les ai souhaités ainsi, au plus près de la trace que l'instant laissait en moi. J'espère : une sorte d'état sauvage. Souvent, j'ai eu l'impression qu'on écrivait ces textes à mon insu, qu'un souffleur me suivait patiemment, parce que souvent j'ai été démuni, à force de solitude,
à force de compagnie, les mots m'ont manqué, souvent, alors j'écoutais ce qui se disait. Maintenant, ces textes sont rassemblés ; ils sont un peu de ma vraie vie, ces derniers temps. Pour la paix boiteuse rencontrée dans le temps de leur écriture, je rends grâce à l'invisible.