Peter Pan
Le conte s'ouvre dans la maison de la famille Darling à la veille de Noël. Wendy est chargée de s'occuper de ses jeunes frères. Leur mère est morte, et leur père a été contraint de prendre des mesures drastiques pour pouvoir leur acheter des cadeaux. Tous les ingrédients initiaux de la pièce de J.M. Barrie sont ici réunis.
Le coup de maître de Rob Evans, jeune dramaturge britannique, est de nous donner un Peter Pan au style punk : l'éclat de l'écriture et l'ingéniosité de Rob Evans sont évidents, il apporte à Peter Pan un monde plus moderne. Il allie le charme de la nostalgie et un humour bruyant, qui met le spectateur à contribution. Les chansons sont un délice. L'auteur sait ménager des effets de surprise et, à la fin, fantaisie et réalité semblent entrer en collision d'une manière inattendue. Cette adaptation a retenu, de l'histoire originale, l'émerveillement et la magie. On redécouvre le monde coloré de Neverland. Un endroit où bien et mal coexistent, un endroit d'où les adultes sont bannis. Un retour par delà l'enfance. Le dramaturge est resté fidèle à l'essence des personnages principaux, mais il explore leurs ressources pour les tirer du côté de la modernité. Chaque héros a besoin d'un méchant : Hook endosse ce rôle à la perfection, accompagné de son célèbre crocodile. Il réussit une fois encore à véhiculer le mal et même davantage : son crochet dangereusement persuasif incite Wendy à le rejoindre dans la piraterie pour l'aider à capturer Peter Pan. La réinvention de Wendy est intéressante et particulièrement rafraîchissante : loin de l'image de la " demoiselle en détresse ", Rob Evans a pris ce personnage à l'étape suivante, en imaginant que Wendy doit, à un certain moment, avoir envie de retirer son dossard et de " botter des culs ". C'est précisément ce qu'elle fait ! Rob Evans la place au centre de la pièce pour explorer son côté obscur. Sauvage et méconnaissable, elle se fait désormais connaître sous le nom de " Black Heart ".
Bien sûr, elle se rendra compte de son erreur à temps pour sauver Peter d'une mort étrange. Mais la morale n'est pas l'enjeu prépondérant de cette aventure passionnante. Rob Evans libère le conte imaginé par J.M. Barrie du folklore qui l'entoure, et le revisite avec un humour qui saura toucher petits et grands.