Lettre à René Char sur les incompatibilités de l'écrivain
René Char pose, en mai 1950 dans la revue Empédocle, cette question infiniment ouverte : " Y a-t-il des incompatibilités ? ". Il la pose à la cantonade, mais s'adressant à des écrivains et à des intellectuels à qui il laisse le soin de l'orienter selon leur propre questionnement. La réponse de Georges Bataille, gage d'une estime et d'une amitié sincères, est des plus ambitieuses et aborde le problème de l'action opposée au langage, celui du langage comme mode de l'action et entraîne l'écrivain vers une remise en cause de sa position : " Y a-t-il des incompatibilités entre l'écriture et l'engagement ? ". Ce questionnement, à une époque où la position sartrienne pèse de tout son poids, entraîne Bataille dans la dissection appliquée d'un monde en mutation très profonde et des rapports de l'intellectuel au pouvoir, questions aussi brûlantes qu'intemporelles.