L'être
os ombres dans le désespoir de la parole
Se sont peut-être accomplies dans le désir
De n’être plus que bouche et solitude
Sans corps sous l’identité de la lumière
Elle disparut dans son corps et dans son ombre
Et retira l’épée de ses beaux cils
– Alors la place a déployé ses armements
Sur une douleur sans rien ni personne
Ce recueil est le “livre de l’intranquilité”, de la peine et de la douleur. Livre d’un vieil homme qui pleure les absents ou les morts qui partent, ne reviennent plus, tous ceux que la vie a semés, jetés, puis dissipés. C’est aussi la plainte du temps qui emporte, qui ne laisse pas. Le poète sait qu’il n’y a nulle raison d’attendre, personne, ni rien, qu’il est certainement trop tard. Il passe, et sa promenade, afflux d’images, de pensées, coud et découd le sens, interroge l’homme dans l’univers, dénonce les faux signes du ciel et les dieux morts. Et notre monde, vu du cosmos ainsi, prend sens, prend chemin vers ailleurs, bien au-delà des mots usuels.