Pour sucre et lumières
J'échappe à la ville par un fleuve sans eau, transparent et sombre. La lumière solaire est sage.
Elle n'efface pas tout. Elle connaît la mesure. L'ombre est la marque de l'équilibre, la marque de la précaution que le soleil prend vis-à-vis de nous sans nous brûler encore, la marque aquatique du soleil. Une libellule tente de pondre ses oeufs (à l'instant) dans une flaque d'ombre. La lumière efface aussi ce qu'elle crée. La nuit, je gomme l'ombre d'un trait de lampe torche. Je l'efface avec de la lumière.
Auteur, entre autres, de Superstitions et de Tapis et caries, Ivan Alechine aime à mêler écriture et voyage, s'aventurant ainsi sur la route de Kerouac, Michaux ou Cendrars. Pour sucre et lumières sublime le carnet de voyage qui devient, plus qu'un tableau, une véritable mosaïque du Mexique, approchée ou fantasmée, qui fascine tout autant qu'elle déboussole.